Ce principe est mis en avant dans “The Humane Interface” de Jef Raskin (à l’origine de l’interface du Mac). Et plus j’utilise les ordinateurs, plus je suis convaincu de son bien-fondé.
Les trois touches que j’ai extirpé de mon clavier (Verr. Maj, Verr. num et Insert) sont les seules à faire basculer la saisie dans un mode différent.
Verrouillage Majuscules
Posée entre les touches très utilisées Shift et Tabulation, appuyer sur cette touche modifie la sortie de quasiment toutes les touches du clavier. Elle n’apporte rien qui ne puisse être obtenu par un appui simultané sur la touche Shift (ce que Jef Rasquin appelle un “quasimode”). Premier coup de tournevis.
Insertion
Insidieusement placée entre des touches extrêmement utiles (suppression arrière, suppression avant, début et fin), ce petit bout de plastique provoque une perte de données parfois irrécupérable. Deuxième coup de tournevis.
Verrouillage Pavé Numérique
Autant les 2 premières touches ont pu être réutilisées, autant celle-ci ne sert strictement à rien ! Également située près de touches très utiles (le pavé numérique, défilement d’une page vers le haut et le bas), cette touche n’a plus rien à faire sur un clavier normal
Les claviers portables
- Les claviers d’ordinateurs portables ont encore plus de problème d’ergonomie que les claviers standards. Combiner le clavier numérique avec d’autres touches est une solution moyennement satisfaisante mais vu les problèmes de place, il n’y a peut-être pas moins pire.
- Les claviers de téléphones sont pire encore mais là aussi, l’ergonomie passe après l’encombrement.
- Les interfaces tactiles font leur apparition, et consacrent le règne de la modalité. Jef doit se mordre les doigts de frustration…
Détournements
- Sur linux, à la différence de Windows, activer la Verrouillage Majuscule ne permet pas de saisir de chiffres avec les touches situées au-dessus des lettres. C’est déjà mieux que sur Windows (qui n’a jamais reçu de message avec des 9 à la place des parenthèses ?) mais ça n’élimine pas le problème.
- Dans Photoshop, la touche Verrouillage Majuscule permet de passer en mode “curseur précis” (le petit “+” ou “crosshair” pour ceux qui font des CSS).
Les modes sont mauvais, mais pourquoi ?
En soi, qu’une interface réagisse différemment au même type d’action utilisateur n’est pas un mal. Le problème, c’est que le généralement l’utilisateur n’est pas conscient de l’état de l’application car son attention est concentrée sur la tâche à accomplir.
Retenir l’état de l’application n’est pas un but en soi, l’utilisateur l’oublie donc rapidement. Dès qu’il effectue une action modale, la probabilité que le résultat ne soit pas celui attendu diminue avec le nombre de modes possibles.
Exemple pratique
Imaginons que vous avez l’habitude de regarder vos vidéos avec un logiciel, où la touche “Espace” met en pause. Pour la vidéo de vacances de votre amie Micheline cependant, vous devez utiliser un autre logiciel. Tout-à-coup, le téléphone sonne et vous devez mettre la vidéo en pause. Votre premier réflexe sera d’appuyer sur “Espace” mais là -patatras! c’est la touche pour revenir au début et vous ne savez plus où vous en étiez. Êtes-vous “coupable” d’avoir confondu les deux comportements ? Non, car votre attention était occupée par une tâche, répondre au téléphone. Encore une victime des modes !
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