Ergonomie et aspect visuel
L’ergonomie est souvent confondue avec l’aspect graphique, car nos émotions affectent notre raisonnement. Nous préférons utiliser un bel objet/outil/site car l’expérience vécue sera plus appréciée. Voir à ce sujet Ergonomie et beauté des choses sur Ergolab. En pratique, un beau site est vu comme ergonomique, même si ce n’est pas le cas. Un site ergonomique mais dont la charte graphique déplait paraîtra en revanche moins pratique.
Il faut donc (ce ne devrait pas être une surprise) soigner à la fois l’ergonomie et l’aspect visuel. D’expérience, donner aux créas des indications liées à l’ergonomie du site les aide dans leur travail. Correctement informés de l’importance conceptuelle des différents informations et fonctionnalités, ils n’ont plus qu’à retranscrire cette importance à l’aide de leur vocabulaire : couleurs, contrastes, typographie…
Le rôle des développeurs
On tape souvent sur les développeurs en termes d’ergonomie, mais ce n’est jamais méchanceté ou malveillance de leur part je pense. De plus, ils sont loin d’être les seuls responsables. L’influence négative qu’ils peuvent avoir vient de leur culture, de leur place dans le projet, et du manque d’information.
La culture machine
Les développeurs ont souvent atterri dans cette profession à cause de leur intérêt pour les nouvelles technologies et les jeux vidéos. Ils aiment connaître le fonctionnement des choses, ont souvent démonté des objets étant jeunes (posez-leur la question, vous verrez…), et savent optimiser un traitement en fonction du matériel. C’est leur métier !
Oui, mais… Quand on ne leur indique pas le modèle conceptuel souhaité, ils utilisent le seul qu’ils connaissent : le modèle objet, que ce soit celui des classes ou celui de la base de données. Voilà pourquoi certaines applications de gestion demandent un identifiant numérique à 15 chiffres pour pouvoir ouvrir un dossier, pourquoi la colonne de tri d’une liste de données sera l’identifiant en base, etc.
Place dans le projet et manque d’information
Les développeurs ne sont souvent sollicités qu’au moment de construire le site ou l’application finale, parfois un peu avant pour valider la faisabilité du projet. Il est parfois trop tard pour qu’ils puissent soulever une impossibilité technique, ou proposer une amélioration du processus, et c’est bien dommage.
Il leur manque donc l’historique et le recul pour mieux connaître les fonctionnalités indispensables, et les modalités de mise en place. Ils ont le “quoi”, mais pas le “pourquoi”. Or développer nécessite de prendre un grand nombre de décisions intermédiaires, souvent non détaillées ou trop vaguement décrites dans le cahier des charges. Quelques exemples : le nombre de résultats par page de recherche, la colonne de tri principale dans un tableau, doit-on répéter la pagination en bas de page, etc.
Il est donc obligatoire de les informer des enjeux du projet et des raisons de chaque choix ergonomique, et leur fournir les moyens de faire les bons choix.
Conclusion
Pour que les choix graphiques et techniques soient respectueux des choix ergonomiques, le mieux reste donc d’informer les acteurs de ce qui a motivé chacun de ces choix.
Néanmoins je pense que l’ergonomie souffre d’un manque de visibilité. Compter le nombre de clics ou le temps pour réaliser une action reste encore trop peu utilisé, sans parler des tests utilisateurs. Et pourtant, le succès de l’iPod et de sites comme Amazon ne sont plus à démontrer, et un site comme ABTests.com atteste qu’il suffit parfois de changer un mot ou la position d’un bouton pour doubler les bénéfices.
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