Guérir le burnout

Publié le 2 juin 2016

Tags : E1

Le thème de cette édition c’est l’échec, laissez-moi donc vous parler des chèques en effet. Les chèques qu’on tire sur notre bien-être, notre santé, notre vie…

Présenté à E1 (Toulon)

Au passage, je remercie chaleureusement les organisateurs de la conférence E1 à Toulon pour leur disponibilité et accueil, et pour le choix de sujet et d’intervenants, j’ai pris plein de notes et eu de très riches discussions pendant les pauses.

Vous trouverez mon support de présentation sur Speakerdeck et Slideshare (c’est mieux présenté sur le premier, plus accessible sur le deuxième), et en vidéo grâce à Bizeo, qui s’est occupé de la captation et de la diffusion en streaming. Je reformule ici les informations importantes et remets les liens pour qu’ils soient cliquables.

Introduction

Le thème de cette édition c’est l’échec, laissez-moi donc vous parler des chèques en effet. Les chèques qu’on tire sur notre bien-être, notre santé, notre vie…

Mon “budget” était très équilibré en 2014, entre vie personnelle et vie professionnelle.

En 2015 en revanche un déménagement forcé, la disparition de 2 membres de ma famille et des histoires amicales tendues, cumulés à des problèmes au travail m’ont fait plonger, et j’ai terminé l’année en arrêt de travail pour burnout.

Définition

“Le syndrome d’épuisement professionnel combine une fatigue profonde, un désinvestissement de l’activité professionnelle, et un sentiment d’échec et d’incompétence dans le travail.” (source : wikipedia)

Le burnout est en général causé par une combinaison de :

On constate alors 3 phénomènes : épuisement (physique, intellectuel, émotionnel), inefficacité (énergie diminuée, réflexion entravée, récupération lente), et détachement.

Cela ressemble à une dépression mais les traits suivants tendent à être spécifique du burnout :

Au niveau physiologique, le taux de cortisol est trop bas lors d’un burnout et trop élevé lors d’une dépression.

Le cortisol est une des hormones du stress, sécrétée par le cortex des glandes surrénales (d’où le nom) en charge notamment de :

À long terme, le déséquilibre en cortisol a des effets très profonds sur le cerveau :

J’en ai fait l’expérience, quelques mois après avoir été arrêté j’ai peu à peu senti le brouillard se lever, recommencé à pouvoir tenir une discussion complexe, et plus concrètement mes cheveux et mes ongles ont recommencé à pousser : je n’avais pas touché mon coupe-ongle depuis des mois !

Quelques chiffres (c’est pire qu’on n’imagine)

Un burnout nécessite au minimum 4 mois d’arrêt de travail (et souvent plus, s’il n’est pas pris à temps)

Selon un sondage Ipsos pour FNATH (PDF), en 2012 44% des actifs disaient “souffrir souvent ou très souvent d’émotions pénibles (irritabilité, stress, angoisse)”

Selon une estimation du cabinet Technologia (PDF) (ceux-là même qui sont intervenus lors de la vague de suicide à Orange), le coût social du stress professionnel est de 2 à 3 milliards d’euros par an, soit l’équivalent de 10 à 20% des dépenses de la Sécurité Sociale pour les arrêts de travail et maladies professionnelles.

Je rappelle que ces chiffres sont des estimations basses car les dégâts mentaux sont très difficiles à évaluer, et il est très difficile de faire reconnaître une maladie professionnelle comme telle (il a fallu plus de 40 ans de bataille pour faire admettre que l’amiante était cancérogène). Une maladie professionnelle n’est reconnue qu’à partir de 25% d’incapacité permanente (perdre une main ne représente que 20% d’incapacité, calcul absurde et inhumain) et en présence d’un “lien direct et essentiel avec le travail”.

Mais si le burnout est si répandu dans les entreprises, et la Société dans son ensemble, pourquoi n’agir qu’au niveau individuel ? C’est la Société toute entière qu’il faut changer.

Changer la société

Imaginez, si on n’avait plus besoin de travailler pour vivre ? On pourrait s’arrêter en cas de besoin, élever nos enfants nous-mêmes, s’occuper de nos parents âgés ou temporairement moins autonomes, et enfin reprendre les études voire changer de carrière, facilement.

C’est la promesse du revenu de base/revenu inconditionnel. Supplémentant ou remplaçant les allocations diverses, parfois compliquées à obtenir, et éliminant de fait leurs coûts de fonctionnement élevés (retraites, chômage et prestations sociales représentent plus de 400 milliards d’euros par an). Des pays aussi divers que la Finlande, le Kenya, la Suisse, le Canada, la France, le Portugal, la Grèce, et même la Chine l’étudient et mènent des expériences pilotes.

Dans un autre registre, quels sont les points communs entre Patagonia (vêtements de sport, USA), Favi (métallurgie, France), Morning Star (agro-alimentaire, USA), Sun Hydraulics (composants hydrauliques, USA), AES (centrales énergétiques, monde entier), Buurtzorg (soins infirmiers, Pays-Bas et environnants), et le Studio Valve (jeux vidéos, monde entier) ?

Toutes ces entreprises sont très rentables, ont une croissance parfois miraculeuse, résistent aux crises économiques, et sont attentives à la société et à l’environnement. Elles ont également en commun d’être holacratiques.

Holacratie

C’est un modèle d’organisation fondé sur 3 valeurs différentes.

Première valeur : l’autogestion.

Deuxième valeur : la plénitude.

Troisième valeur : la raison d’être de l’entreprise

Agir, concrètement

Mais pour guérir le burnout sans tout changer (au moins pour commencer), il existe de nombreux moyens :

À tous ceux qui trouvent que ces solutions coûtent cher je réponds que le départ d’un•e employé, les arrêts maladie, l’ambiance dégradée entre collègues et avec les clients, les coûts liés aux ruptures conventionnelles et autres indemnités de licenciement pour raisons médicales sont largement supérieurs.

Une autre solution, peut-être plus facile à promouvoir dans un premier temps, consiste à s’inspirer des méthodes agiles. Former de petites équipes autour de chaque projet, faire des points d’avancement, rendre la communication efficace, ajuster rapidement en cas de mauvaises surprises… Tout cela est bon pour l’équipe car cela permet d’atténuer certaines des causes du burnout, tout en permettant à l’entreprise d’ajouter un point buzzword dans sa présentation commerciale.

Au niveau individuel :

Et si ça ne suffit pas, déclenchons le plan Vigiburnout !

Que vous soyez collègues, amis, famille ou professionnel de santé, si vous voyez une personne mal en point :

Conclusion

Avant de prendre les questions, j’en ai 3 pour vous :

  1. Dormez-vous bien ? Vous réveillez-vous en forme, ou fatigué ? Avez-vous besoin d’une sieste de plus d’une heure chaque midi ?
  2. Êtes-vous passionné par ce que vous faites ? Le feriez-vous si vous n’étiez pas payé ?
  3. Salaire : le voyez-vous comme un dédommagement pour le temps perdu ou comme une rétribution pour la valeur que vous créez ?

Merci pour votre attention, vous pouvez me contacter ici ou via Twitter (@goulvench).

Quelques liens et conseils de lecture

Crédits photo de couverture : NASA

3 commentaires

Sandra le 11 juin 2016

Merci et bravo pour cette riche synthèse ! Une toute petite correction : le cortisol est synthétisé par les corticosurrénales, par les glandes surrénaliennes (au dessus des reins) D'où le nom (même si phonétiquement ça marchait aussi avec cortex !) Le cerveau va intervenir dans la modulation de sa synthèse (il donne l'ordre et régule). Fin de la parenthèse, encore bravo !

Goulven le 11 juin 2016

Merci pour cette précision ! J'avais mal lu en effet. Je vois qu'il y a plein de ressources sur ton site, je vais aller faire mon marché et je te poserai peut-être quelques questions à l'occasion 🙂

Sandra le 11 juin 2016

Avec plaisir 🙂
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